LE QUART D'HEURE PELI #4 : EL ZORRO TOCA LAS PALMAS - Entre les pas de James Horner, dans les paumes de Zorro


Lien de l'épisode



Dans cet article du Quart d’heure Pelí, nous allons parler du lien entre la musique savante d’une bande originale et les codes des musiques traditionnelles espagnole et mexicaine. Au programme : rythme de cape et d’épée, masque noir et danse passionnée.





Affiche de film de Zorro


Le Masque de Zorro est un film réalisé par l’immense Martin Campbell, sorti en 1998. Il relate le passage du flambeau d’un Zorro âgé interprété par A. Hopkins à un Zorro jeune interprété par A. Banderas. Le film a reçu de bonnes critiques, notamment pour la musique, vainqueur du prix ASCAP Award, des meilleurs films au box-office. La bande originale est extrêmement bien travaillée et contient tous les codes de la musique espagnole et l’émergence d’une musique latino-américiane, plus précisément mexicaine. Mais avant d’analyser musicalement l’œuvre de James Horner, rappelons quelques faits historiques. Nous sommes en 1821, l’armée mexicaine est sur le point de libérer Mexico du colonialisme espagnol. California devient un Etat à part entière du Mexique cette année-là. California avait été colonisée par les colons espagnols depuis la découverte de ce pays et l’expédition de Mr Hernan Cortés en 1530. Nous sommes donc en 1821 et la Californie veut devenir indépendante.


James Horner, compositeur de la BO de ce film, mélange avec goût et passion les codes de la musique espagnole avec la musique traditionnelle savante des plus belles BO de films. A l’image de la première composition qui ouvre le film sur un plan d’un Zorro avançant lentement mais sûrement, tout de noir vêtu, pour marquer son Z d’un coup tranchant de la lame de son épée. Ce titre s’intitule « The Plaza Of Execution », “La plaza de la ejecución”. La composition s’ouvre sur un rasgueado en arpège au centre de la rosace d’une guitare espagnole. On l’entend avec un son très fin et coloré, avec une petite caisse résonance pour amplifier les 3 cordes basses. Le mot « Rasgueado » est un mot espagnol qui vient du verbe « Rasgar » qui signifie « gratter ». En musique, il s’agit d’un coup sec avec la main droite rythmique dont les doigts ont pour but de faire résonner les cordes en arpège ou non. Ici, la main vient sèchement gratter les 6 cordes pour obtenir un accord Mim. Cet accord que vous écoutez est amplifié et répété 7 fois jusqu’au thème principal du morceau qui sera le thème principal du film. Au cours de ces 7 fois, la guitare et le Cajón sont accompagnés par des instruments tels que las paumes de main (appelées las palmas en espagnol), instrument de base pour le genre du Flamenco espagnol, mais aussi les pieds ou plutôt les talons (appelés zapateados en espagnol) qui viennent amplifier ce caractère violent et coloré de rouge et de noire pour souligner ce genre musical dansant et flamboyant. Cette introduction espagnole nous emmène vers un crescendo par une accélération de rythme et de volume pour nous projeter vers un thème principal orné de trompettes et de trombones aux couleurs mexicaines qui aspirent à une indépendance nationale face aux colons espagnols. C’est la place de l’exécution, c’est le moment de Zorro à l’écran.



Ce morceau comporte comme beaucoup d’autres les codes, le caractère, la personnalité et les instruments du genre Flamenco et les prémisses d’une musique mexicaine. Tout comme la composition intitulée « The Fencing Lesson », qui est la scène lors de laquelle Alejandro apprend à se battre lors de son entrainement face à son maître Don Diego de la Vega. Le morceau s’ouvre doucement avec des notes noires (un temps) à la contrebasse en arpège qui vient rythmer les pas de velours du renard noir qui apprend sûrement les techniques de combat. « Attaque !!» lance le maître à son apprenti. L’heure est à la leçon d’épée, la composition accompagnée de palmas et de zapateados transmet la nervosité de cet apprentissage difficile mais non moins inintéressant. La trompette renvoie le thème principal du film que nous reconnaissons depuis le début scène de la place de l’exécution. La guitare se mêle au jeu en une rythmique d’un accord de Mi M. Alejandro s’apprête à devenir El Zorro.


Antonio Banderas et Anthony Hopkins


Mais la composition la plus travaillée et le plus entreprenante est celle de la danse entre Alejandro et Elena. Alejandro se rend au banquet, une fête organisée par Don Rafael et se fait passer pour un grand de la cour d’Espagne afin d’approcher Don Rafael et de connaître ses plans diaboliques pour fonder la République de Californie. La composition intitulée « The Spanish Tango » (el Tango español » est un mélange de racine espagnole du Flamenco et de racines latinoaméricaines du Tango et de la musique libre traditionnelle mexicaine. La composition s’ouvre sur une trompette et une guitare sous une tonalité de Mi m. La trompette indique vite le thème principale du morceau en trois notes respectivement SOL/LA/SI. Le morceau s’emballe avec la rythmique et la cymbale qui enroulent le morceau pour revenir sur le thème principale cette fois-ci au violon, accompagné de palmas et de maracas. Puis nouvelle transition à la guitare pour changer de tonalité et passer du Mi m au Fa # m, tonalité tragique reflétant avec passion l’amour naissant des deux protagonistes qui dansent au milieu de la piste sous les yeux ébahis de la foule admirative.


Catherine Zeta Jones et Antonio Banderas


Malheureusement cette composition ne figure pas dans la version album Bande Original du film sorti en CD. On ne peut que l’apprécier en l’écoutant et en regardant les personnages danser. Quelle musique, quelle BO, quel œuvre de James Horner et de Martin Campbell qu’est ce Zorro masqué de noir et brandissant son épée pour défendre les mexicains face aux colons espagnols. Cette BO est magique et reflète tous les codes de la musique hispano dans son ensemble. Caractère, personnalité, couleurs, timbres, instruments… tout y est. De part son talent, le compositeur a su créer un art musical, respecter et mélanger deux cultures (espagnole et mexicaine) illustrer musicalement les images de Martin Campbell. Cette bande originale fait partie des meilleures musique de films de genre hispanique. Un succès musical pour une réussite cinématographique.





Greg Italo





Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Pass Pass Għal Auschwitz : The art of the best Maltese documentary - An interview with Jonathan Farrugia

SAGARTONNE : AMERICAN NINJA 1/2